L' évaluation ou l'humiliation scolaire !
par Samir Onfray
C'est à l'école que l'on nous a appris, un jour ou un autre , que l'on est doué , intelligent, moins intelligent, voire parfois idiot, imbécile, cinglé...et les titres de cet acabit ne manquent pas......
En effet, l'évaluation passe pour être, dans le contexte scolaire, un outil par excellence des classifications discriminatoires et racistes entre les élèves . Ainsi, une simple note dans un contrôle donné suffit bien pour faire d'un apprenant une personne digne d'intelligence, de sagacité, ou encore, une personne niaise, maladroite, manquant du bons sens et du jugement sain !
C'est bel et bien cette conception de l'évaluation comme un art de classifier les élèves les uns au détriment des autres qui a longtemps dominé dans nos écoles. Non seulement que cette forme d'évaluation classificatrice a, à bien des égards, causé l'humiliation et la déception de nombreux élèves qui souhaitaient apprendre, mais pire encore, elle est à l'origine de l'échec de notre système éducatif. Ainsi, on a appris aux élèves à devenir meilleurs en gagnant de bons notes tout en oubliant l'essentiel à savoir l'apprentissage.
En effet, ce " culte de notes " a fait en sorte qu'au lieu que l'évaluation sert l'apprentissage, on a bien fini par soumettre l'apprentissage à l'évaluation. Dès lors, on étudie non pas pour apprendre, mais pour être évalué comme le montre bien le bachotage auquel se livrent les élèves à l'approche des examens.
Ainsi, à ceux qui ont réussi une épreuve scolaire , on réserve l'étiquette de bons , d'intelligents...et on désigne par nuls, esprit tordu... ceux qui l'ont ratée ! Or, faut-il bien le rappeler , ces qualifications , surtout les négatives d'entre elles, ne vont pas sans causer de graves complexes chez les élèves. De ce fait, au lieu que l'école, censée aider les enfants à s'améliorer et à se construire , installe la confiance chez les apprenants, elle contribue paradoxalement à les démotiver, à les anéantir en leur apprenant à chaque fois, par des notes arbitrairement distribuées par un enseignant capricieux, qu'ils ne sont pas faits pour les études, pour l'apprentissage....d'où naissent un sentiment d'abjection et de mépris que ressentent la plupart des élèves aussi bien à l'égard de l'école que de leur propre personnalité !
En effet, il me semble que l'évaluation devrait ,à l'école , assumer la fonction d'optimisation et de renforcement pédagogique et non pas de discrimination comme elle l'est encore aujourd'hui. Elle devrait , de ce fait, servir de tremplin et de ved-mecum pour les élèves afin de les aider à s'améliorer et progresser, au lieu de leur rappeler à chaque fois , par des notes décevantes ,leur incompétences et leur intempérie. Dans cet ordre d'idées, il faut nécessairement , me semble-t-il, une redéfinition même de la notion de l'évaluation qui ne saurait plus laisser raisonner en elle-même l'idée de sanction , de classification ...mais plutôt comme un processus pédagogique au service de l'apprentissage et du progrès des élèves.
Evaluer serait donc ,dans cette perspective, une vérification bien intentionnée des acquis des élèves. Il ne s'agit pas de porter de jugement de valeur à travers la note attribuée à chacun, mais bien de mener l'enseignant et l'enseigné à prendre une distance critique par rapport à leurs activités respectives, et de remédier éventuellement aux difficultés rencontrées par chacun d'eux.
Une fois établie cette conception humaniste de l'évaluation, nos élèves n'auront plus à craindre les épreuves scolaires du moment qu'ils ont bien compris que celles-ci ne visent plus à les comparer, les classer sous des rubriques...mais plutôt qu'elles sont là pour service leur apprentissage et nourrir leur compétence .
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